vendredi 5 mars 2010

Texte de Félix-Antoine Savard


Au commencement, vagues, vides,
Étaient le ciel et la terre.

Mais, au-dessus,
Comme un aigle de puissance et d’amour,
Planait, immense, L’Esprit de Dieu.

Et tout d’un coup, sur l’informe,
Retentit la Parole.

O splendeur!

Et, sortant des ténèbres,
La lumière nouveau-né poussa son premier cri.

O splendeur!

Et séparant ensuite l’air et les eaux,
Ô Dieu, tu façonnes le firmament, pur saphir,
Et la mer aux grands rythmes sonores et plaqués,
Et les fleuves, et les torrents, voix de la montagne,
Et les rivières, veines de la plaine.

Et le soir de ce second jour,
Il se fit un immense calme salé
Où tu t’applaudis de ton œuvre.

Pui, tu voulus que verdît l’innombrable verdure,
Et que foisonnât toute plante selon son génie.

Et dès lors, fleurit la rose d’amour,
Et se dressa le cèdre du Liban.

Combien plantureuse fut la terre de ce troisième matin,
Et odorante, bonne et belle comme le jardin de Dieu.

Et puis, tu commandes au soleil de présider au jour,
Et à la lune de veiller sur la nuit.

Et à pleines mains, ô Seigneur, dans l’éther sans mesure,
Tu prodiguas les étoiles, îles étincelantes de l’univers,
Et les tourbillons de flamme et les blanches galaxies.
Et tu vis qu’elle était splendide et bonne,
La voie qui conduit au seuil de ton éternité.

Puis, tu créas les poissons pour tous les sentiers de la mer,
Et les bêtes sauvages et les bestiaux
Et des bestioles pour tous les climats de la terre,
Et les oiseaux, figures ailés de ton Esprit.

Et après avoir vu que toute cette vie était bonne,
Sous les branches du cinquième soir,
Tu écoutas longuement la grive
Qui chantait des premières amours.

Puis, te recueillant, à l’aurore, tu dis :
``Faisons l’homme à notre image et comme notre ressemblance``
Et lui donnant, avec ton souffle,
L’âme et le verbe qui nomme et qui chante,
Tu l’introduis dans le jardin de l’Éden.

Et le soir de ce sixième jour,
Il y eut comme immense carrousel d’animaux,
Et l’homme,
En toute science et poésie,
Les nomma de leur vrai nom.

Enfin tu proclamas que le septième jour
Serait le sabbat ou le repos.
Et dans ce cycle d’or du temps,
L’homme,
Central et lyrique au milieu des êtres recueillis,
Chanta la prière et l’amour.

Funeste malheur!
Quel étrange, cruel serpent,
En nous, l’insinua l’orgueil et la démesure?

Lyre désormais brisée!

Et nous voici, désormais, nus, suant la peur;
Et perdus dans la forêt ténébreuse de l’exil,
Des êtres ameutés contre nous.

Ô Père, pourquoi nous as-tu abandonnés?

Plénitude promise des temps!
Un enfant nous est né!
Le Fils nous est donné,
C’est l’Emmanuel : Dieu avec nous.

Reste avec nous, Seigneur!
Toi, qui es pitié :
Voici que le soir tombe,
Reste avec nous,
En toi nous espérons, Seigneur.

Extrait de Te Deum de Roger Matton

Texte de Félix-Antoine Savard.

Aucun commentaire: